En 1983, j'ai déjà 7 ans de moto derrière moi (licence à 16 ans) & je suis l'heureux propriétaire d'une Laverda 1000 Jota (modèle malheureusement Français sans piston HC & arbre 4C) néanmoins je suis déjà accroc.
Un ami arrive un jour avec une 1000 RGS Corsa & là, c'est le choc.
Malheureusement ma bourse du moment est désespérément plate & m'offrir cette moto de rêve à 53000 FR (8079 €), 6 mois de garantie, apparaît comme une illusion.(Il faut noter que le prix était supérieur de 10000 Fr (1500€)par rapport à une kawa 900 ninja !)
C’est bien des années plus tard à l’âge des grands changements (40 ans) que je dénicherai la perle rare chez Enzo !
Après 2,3 palabres, l’affaire est conclue & je rapatrie la belle dans mon antre.
Commence alors une séance d’amélioration (allumage, échappement, admission, amortisseurs arrières, réglages). Une vibration parasite me fait penser à un problème de roulement, après démontage entier du moteur il s’avère que l’axe du piston central a bleuit, un manque d’huile certainement, changement des 3 axes de piston. Tout se passe bien, jusqu’à l’arrivée du carburant sans plomb !
Cela commence par des sièges de soupapes abimées & une soupape d’échappement détruite, réfection de la culasse………Merci le super au potassium !
Un soir de septembre, c’est le piston central qui se perce, plus des dégâts sur la bielle (500 km après la culasse). Une grande détresse s’empare de moi et de mon portefeuille. Néanmoins je trouve un vilebrequin et des pistons HC et on remonte le moteur. La carburation est entièrement revue, je change les pipes d’admission caoutchouc, joints de carbus pour éliminer une éventuelle prise d’air.
Après avoir rongé mon frein pendant la période de rodage, c’est reparti de plus belle & à nous la liberté des espaces. (J’emploie maintenant du SP95 avec du Wynns).
Bien protéger derrière le carénage, le son mélodieux du 3 cylindres distillés à travers le 3 en 1 incite à envoyer les gaz au-delà des vitesses et du bruit réglementaire. Bien sûre elle est trop longue, trop lourde, dépassée par ce qui se fait aujourd’hui sur le plan technologique, mais du haut de ses 20 ans elle vous donne du plaisir, plaisir du pilotage, du bel objet, unique ou presque, plaisir de la différence. Et à deux, avec votre passagère, elle ne demande que cela. Votre brosse à dent dans la sacoche réservoir, en avant jusqu’à la prochaine chambre d’hôte !
Alors dans notre société aseptisée et conformiste j’avoue que posséder une Laverda est une forme de vie subversive contre l’ordre établi.
Merci à Jean-Louis & aux non-adhérents du non-club Laverdamania, Adieu Tristesse.